Médecins, appareils d’État et organismes d’assurance sociale autour de l’invalidité : Chili 1880-1940

Au cours des dernières années, la recherche historique a montré un intérêt croissant de l’analyse historique de l’administration politique des populations. A cet égard, l’étude de l’histoire des technologies médicales et du travail de la population avec un handicap a donné des importants antécédents. En essayant de contribuer dans cette recherche, la présente communication aborde trois moments centraux de l’institutionnalisation des mesures sanitaires et du travail mises en place pour faire face aux populations considérées comme improductives. D’abord, l'après-guerre du Pacifique (1879-1884) et la situation des combattants blessés et incapables de travailler. Puis, les débats des années 1920 portant sur les maladies professionnelles et les accidents du travail. Finalement, les techniques de réadaptation professionnelle développées pendant les années 1930.

Quant à l’après guerre, on abordera les débats parlementaires sur les « invalides de guerre » et les mesures d’assistance médicale et de retraite qui ont été instaurées. Puis, on verra le resurgissement de l’invalidité comme problématique associée aux revendications de sécurité au travail du mouvement ouvrier. A ce sujet, la première loi des accidents du travail (1916) et la naissance de l’assurance sociale (1924) vont être décisives pour un certain transfert des modes d’assistance des invalides vers le monde du travail. Finalement, on discutera sur les années 1930 et la consolidation des traitements de réadaptation professionnelle, époque où les nouvelles technologies médicales (prothèses, orthèse, etc.) se proposaient de rendre capable aux invalides de retourner au travail. Politique de réadaptation qui essaye de diminuer les charges économiques de l’État, mais aussi de valider la nouvelle chirurgie orthopédique et traumatologique.

Les différents moments de l’institutionnalisation des traitements de l’invalidité seront exposés à partir des archives institutionnelles, professionnelles et de la presse, en centrant l’analyse sur les conflits entre les médecins, le monde du travail et les organismes d’assurance sociale. L’hypothèse générale qui guidera cette communication est que l’invalidité fut progressivement traitée avec l’objectif de réintégration au travail, sous une politique gouvernementale, industrielle et médicale qui se proposa d’exploiter des ressources humaines auparavant considérées comme inutiles : les mutilés, les malades et les personnes âgées.