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iCHSTM 2013 Programme • Version 5.3.6, 27 July 2013 • ONLINE (includes late changes)
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Le choix de la méthodologie de Binswanger comme un « cas » représentatif de l’articulation de la pratique et de la théorie dans le domaine de la psychiatrie pourrait donner lieu à des objections, dans le mesure où la « Daseinsanalyse » a été souvent critiquée en tant que démarche directement issue de la philosophie. Néanmoins, si l’on analyse les problématiques qui l’ont motivée à son origine, on s’aperçoit que cette méthode a été formulée à partir d’une nécessité théorique qui est strictement liée aux exigences de la clinique. Entre les années 1910 et 1920, en effet, le problème qui se pose à Binswanger est celui d’intégrer les exigences du savoir scientifique avec l’historicité, l’individualité des cas se présentant à la clinique psychiatrique. Ce problème a des conséquences très importantes d’un point de vue épistémologique, s’il est vrai que l’exigence de rendre compte « scientifiquement » du singulier à une époque où la psychiatrie ambitionnait au modèle des sciences médicales – pour lequel la recherche de l’objectivité se présentait avant tout comme une bataille contre le subjectif – comporte la nécessité de penser différemment la scientificité du savoir psychiatrique. Le recours de Binswanger à la phénoménologie s’explique donc avec la nécessité de réintégrer les catégories explicatives des phénomènes à l’intérieur des phénomènes eux-mêmes. Il s’agira donc, pour le psychiatre-phénoménologue, de saisir les expressions du comportement à partir de leur « essence », une essence que Binswanger identifie avec la norme ou la structure du fait psychique. Grâce également à l’exemple de la clinique freudienne, selon laquelle l’organisation des vécus devait être saisie à partir de l’expression de ceux-ci sous la forme de leurs « relations de sens », Binswanger formulera à son tour une méthode qui entend partir des vécus psychiques réels et de leurs connexions afin d’y repérer ces « configurations et principes structuraux » qu’il appellera par la suite les « styles d’existence ». Or, ces « structures » ne subsistent pas indépendamment de l’expérience singulière du cas clinique, et pour autant ne se réduisent pas à la singularité contingente de celui-ci, puisqu’elles en constituent le schéma ordinateur. Cette démarche pour laquelle l’explication du phénomène est immanente à sa description se présenterait donc comme une tentative de constituer une méthodologie psychiatrique où enfin les frontières entre théorie (catégorisation) et clinique s’estompent.