iCHSTM 2013 Programme • Version 5.3.6, 27 July 2013 • ONLINE (includes late changes)
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Visibiliser les enjeux de la recherche sur le cerveau dans la formation des futurs professionnels en santé mentale
Emilie Bovet | Université de Lausanne, Switzerland

Un des grands enjeux des tenants des neurosciences psychiatriques est de promouvoir la recherche dite « translationnelle », soit l’application des recherches au bénéfice des patients. Cet enjeu est de taille, tant le quotidien des acteurs du soin – souvent contraints à un tâtonnement thérapeutique – semble éloigné des discours prometteurs mis en avant dans la recherche sur le cerveau. Si les soignants peuvent se passer de connaissances sur le cerveau pour tenter de soulager la souffrance psychique, il serait pourtant naïf de croire que leur pratique échappe aux bouleversements institutionnels véhiculés par l’essor des neurosciences psychiatriques. En effet, même si on n’évoque que rarement le cerveau en clinique, force est de constater qu’il est omniprésent dans les protocoles de recherche translationnelle, ce qui se répercute inévitablement sur les manières d’envisager la clinique. L’appréhension du cerveau par la psychiatrie ne fait que très rarement l’objet d’une analyse historique et épistémologique dans la formation des étudiants en médecine, psychologie et soins infirmiers, ce qui tend à renforcer chez les étudiants l’idée que cette discipline vient de « découvrir » le cerveau. Il s’agira ici de réfléchir à la façon dont les études socio-historiques des neurosciences peuvent permettre aux futurs professionnels en santé mentale de prendre conscience des reconfigurations actuellement à l’œuvre dans le champ psychiatrique et de l’influence des sciences du cerveau sur cette reconfiguration. L’objectif sera notamment de souligner, à travers plusieurs exemples, l’utilité d’une formation qui prenne en compte l’histoire des liens entre clinique de la santé mentale et recherche sur le cerveau, afin d’encourager les futurs professionnels à adopter une bonne distance critique face à la place de leur pratique dans un champ psychiatrique passablement bouleversé par le nombre toujours croissant de recherches visant à « découvrir » les bases cérébrales des troubles psychiques.