iCHSTM 2013 Programme • Version 5.3.6, 27 July 2013 • ONLINE (includes late changes)
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L’épilepsie entre neurochimie et thérapeutique: une histoire croisée
Jean-Claude Dupont | Université de Picardie Jules Verne, France

La communication vise à démêler l’écheveau, complexe dans le cas de l’épilepsie, des relations historiques entre pathogénie neurochimique et thérapeutique. Dans les années cinquante, l’histoire de l’épilepsie croise celle de la neurotransmission. L’apparition des acides aminés dans le champ de la neurotransmission résulte dans une large mesure des spéculations reliant l’existence de neurotransmetteurs excitateurs et inhibiteurs à la pathogénie de l’épilepsie. Les recherches les plus poussées en ce domaine avaient été menées sur l’acide γ-aminobutyrique (GABA), acide aminé qui n’entrait pas dans la composition des protéines, et que l’on avait démontré dès 1950 se trouver en plus forte concentration dans le tissu cérébral. Au Canada, la neurochimie (Kenneth Allan Caldwell Elliott) s’associa de façon spécialement étroite avec la neurophysiologie (Wilder Penfield, Herbert Jasper). Après que fut montré le rôle conjoint de l’acide glutamique et du GABA dans les crises épileptiques, le GABA devenait un excellent candidat pour un rôle de neurotransmetteur inhibiteur au niveau central, et l’acide glutamique comme neurotransmetteur excitateur. Ces travaux canadiens à la recherche des caractéristiques biochimiques du tissu épileptogène stimulèrent considérablement les recherches électrophysiologiques dans le monde concernant le GABA et les acides aminés. La démonstration expérimentale des transmissions spécifiques par ces acides aminés put ainsi être réalisée au niveau des synapses des crustacés par les auteurs japonais. Ici, l’histoire croise celle des antiépileptiques. Les convulsions épileptiques pouvant être liées à une augmentation de l’action excitatrice due à l’acide glutamique ou/et à un déficit en GABA, le traitement antiépileptique pouvait consister à restaurer la balance entre transmissions glutamatergiques excitatrices et GABAergiques inhibitrices pour diminuer l’excitabilité des neurones. Les barbituriques, très utilisés comme hypnotiques dans la première moitié du XXe siècle, tendaient alors à être abandonnés du fait de leur toxicité et de leur tolérance, au profit des benzodiazépines. On chercha à montrer que l’arsenal thérapeutique, devenu très large, cible certains récepteurs du glutamate et du GABA. L’interaction avec les phénomènes de neurotransmission sera en mesure d’expliquer le mode d’action de ces antiépileptiques et ceux-ci se révèleront de nouveaux outils de recherche éclairant la pathogénie de la maladie.