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iCHSTM 2013 Programme • Version 5.3.6, 27 July 2013 • ONLINE (includes late changes)
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Strabon, qui fut historien avant d’être géographe, mit son œuvre entière sous le signe de la « philosophie morale et politique ». Si ses Commentaires Historiques (en 45 livres) sont hélas perdus, sa Géographie (en 17 livres) témoigne clairement de ses intentions. « Essentiellement - dit-il -, la géographie s’adresse au monde du gouvernement et répond à ses besoins » (Géographie, I,1,18). Exact contemporain de l’empereur Auguste (auquel il a survécu), il veut faire de sa description du monde habité (presque tout entier sous domination romaine) l’outil indispensable qui doit permettre aux gouverneurs venus de Rome de mieux administrer les diverses provinces, en leur en dévoilant les principaux aspects, historiques, sociaux ou économiques. D’où son refus de s’intéresser aux contrées situées aux marges du monde connu, par exemple celles au nord de la Bretagne (dont la Thulé de Pythéas, qu’il rejette dans le néant), car, « pour les besoins du gouvernement, il ne saurait y avoir aucun avantage à connaître de tels pays ni leurs habitants, surtout quand ils vivent dans des îles qui ne peuvent nous causer ni tourment ni profit, vu l’inexistence des relations » (id, II,5,8). En revanche il ne cesse de vanter les cités comme Marseille, Cyzique ou Rhodes, régies par une législation capable de maintenir l’ordre dans la justice sociale. Si l’Italie a pris un essor si considérable, elle le doit en partie à la « constitution mixte, combinant régime monarchique et régime aristocratique » (id., VI,4,1), dont elle s’était dotée après la chute des rois. L’extension considérable de l’empire romain rendait indispensable, aux yeux de Strabon, un changement de gouvernement, car « il serait difficile d’exercer un aussi vaste pouvoir autrement qu’en en confiant l’usage à un seul homme, considéré comme un père » (id. VI,4,2).
Le souhait de Strabon fut-il exaucé ? Sa Géographie fut-elle utilisée par les gouverneurs de province ? Bien fin qui le dirait. Ce livre fut achevé sous le règne de Tibère, qui mit fin aux espoirs suscités par l’administration d’Auguste. Publié probablement en Asie Mineure, la patrie de l’auteur, il ne semble guère avoir influencé l’élite romaine. Il n’en est pas moins un précieux témoignage sur les intentions d’un géographe qui se voulait au service du gouvernement.