iCHSTM 2013 Programme • Version 5.3.6, 27 July 2013 • ONLINE (includes late changes)
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Avicenne et la question du sujet de la logique
Otman El Mernissi | Chspam-SPHERE/UMR8163 STL, Lille 3, France

C’est dans un texte de la Métaphysique du Šifā’ (en I.2) qu’Avicenne énonce la thèse célèbre selon laquelle ce sont les intentions intelligibles secondes qui constituent le sujet de la science logique. Il s’agira de déterminer les passages du corpus avicennien qui permettent de préciser la distinction entre les intentions intelligibles premières et les secondes ; seront étudiés en ce sens les textes du Madḫal (I.2-4 notamment) qui, bien qu’ils ne nomment pas les intentions secondes, en donnent une description et une définition : ce sont les accidents ou modifications qui adviennent aux intentions premières lorsque l’on passe de quelque chose de connu à quelque chose d’inconnu, c’est-à-dire lorsque l’on effectue une opération logique. Si cette distinction entre intentions premières et secondes, ainsi que le fait que les secondes constituent le sujet de la logique, sont deux éléments déjà présents chez Al-Fārābī (Cf. Kitāb al-ḥurūf, I.3-5), nous verrons qu’Avicenne se distingue de ce dernier en deux choses au moins : Al-Fārābī continue de poser, avec la tradition qui le précède, que ce sont les expressions en tant qu’elles désignent les intentions qui constituent le sujet de la logique, tandis qu’Avicenne rompt radicalement avec cette position traditionnelle ; Al-Fārābī ne paraît pas poser la question du sujet de la logique en la rattachant au problème classique de savoir si la logique est une partie ou un instrument de la philosophie, tandis qu’Avicenne paraît, dans un même geste, déterminer le sujet de la logique et examiner la position de celle-ci dans la classification des sciences théorétiques. Mais si la logique a pour sujet les intentions secondes, et qu’elle est une partie de la science qui a pour sujet les étants en tant qu’ils sont dans l’esprit (ḏihn), il reste encore à donner un contenu à cette thèse, qui demeure abstraite. Nous proposerons donc l’ébauche d’une liste des textes et doctrines d’Avicenne qui permettent de donner un contenu à cette thèse — notamment : la perfection des syllogismes de la première figure et l’exclusion de la quatrième figure du syllogisme, le cas problématique du concept de ma‘nā qui intervient dans le commentaire du chapitre premier du Peri Hermeneias, la théorie des degrés d’assentiment. Ces doctrines ont ceci en commun qu’elles semblent converger vers quelque chose comme la constitution d’une philosophie de l’esprit. Il faudra veiller à ne pas confondre celle-ci avec la psychologie, ou plus exactement la noétique du De Anima.